Résumé des points clés

  • Niveaux plus élevés de radon dans les zones rurales: Les communautés rurales affichent une exposition au radon supérieure de plus de 30 % par rapport aux zones urbaines dans toutes les provinces et territoires du Canada.
  • Caractéristiques des logements: Les bungalows plus grands dans les zones rurales contribuent à des niveaux plus élevés de radon intérieur par rapport aux petites propriétés à plusieurs étages plus courantes dans les centres urbains.
  • Puits d’eau souterraine: La proximité des maisons résidentielles avec des puits d’eau souterraine forés dans les zones rurales facilite involontairement la migration du radon dans le “gaz en phase libre” des profondeurs souterraines vers les sols de surface, augmentant ainsi la quantité de radon sous un bâtiment et donc la quantité de radon pouvant être aspirée à l’intérieur.
  • Sensibilisation et efforts de mitigation: Prioriser la sensibilisation au radon et les efforts de mitigation peut contribuer de manière significative au bien-être général des diverses communautés à travers le Canada.

Le radon, un gaz radioactif naturel, est connu pour poser un risque sanitaire significatif lorsqu’il s’accumule à l’intérieur de nos maisons. Des recherches récentes ont mis en lumière une révélation surprenante: toutes les communautés ne sont pas égales face à l’exposition au radon.

Une étude exhaustive menée au cours des trois dernières années au Canada a révélé des variations substantielles dans l’exposition au radon résidentiel entre les milieux urbains et ruraux.

Les personnes résidant dans des communautés plus rurales et à faible population connaissent des niveaux moyens d’exposition au radon résidentiel supérieurs de 31,2 % par rapport à leurs équivalents plus urbains et à forte population. Cela équivaut à un excès de 26,7 Bq/m³ de radon dans l’air intérieur et à une augmentation de 20 % de la dose de radiation cancérigène absorbée par les poumons des habitants. Nos résultats mettent en lumière un déterminant jusqu’alors sous-estimé du risque de cancer du poumon induit par le radon et soutiennent la nécessité de tests et de réductions ciblés du radon dans les communautés rurales.

Au Canada, les pratiques de construction en évolution du XXe au XXIe siècle ont de plus en plus capturé, contenu et concentré le radon à des niveaux anormalement élevés et dangereux dans l’environnement résidentiel.

L’équipe de l’Étude nationale Evict Radon s’est penchée sur l’exposition au radon résidentiel au Canada et nos conclusions étaient sans équivoque: les communautés rurales ont présenté systématiquement des niveaux de radon résidentiel 30 % plus élevés que leurs homologues urbains dans toutes les provinces et territoires canadiens.

Facteurs expliquant les disparités de radon

Notre recherche visait à percer le mystère derrière ces disparités, et deux éléments clés ont émergé comme principaux contributeurs à des niveaux élevés de radon dans les zones rurales:
 
Caractéristiques des logements: Les communautés rurales se caractérisent par une prévalence accrue de maisons unifamiliales à un seul étage avec des plans d’étage plus grands par rapport aux zones urbaines, où les propriétés plus petites à plusieurs étages et/ou attenantes sont plus courantes. Les maisons plus grandes et à un seul étage créent un environnement où le gaz radon est plus susceptible de s’accumuler, augmentant ainsi le risque pour les résidents.
 
Puits d’eau souterraine comme voies de migration des gaz: Une révélation cruciale a été l’importance de la proximité et de la densité des puits d’eau souterraine forés près et autour des maisons rurales. Ces puits, essentiels pour l’accès à l’eau dans de nombreuses communautés rurales, servent involontairement de voies de migration plus rapides pour les niveaux de radon souterrains profonds. Ils permettent ainsi au gaz radon d’atteindre plus facilement les couches supérieures du sol par rapport aux zones où il y a peu ou pas de puits forés.
 
Les réglementations sur la réalisation des puits d’eau souterraine sont moins strictes par rapport aux puits forés dans l’industrie énergétique, par conséquent, les espaces annulaires de leurs puits (l’espace qui existe entre le trou de forage et le tubage du puits) fournissent probablement des voies de migration pour le gaz radon dans les zones aquifères. D’après ces connaissances, notre équipe suggère que le radon dans les maisons rurales est relativement plus élevé en raison de la migration du gaz riche en radon (provenant de sources géologiques plus profondes) dans les puits d’eau souterraine forés.
 
De nombreuses propriétés rurales et communautés dépendent de l’eau des puits. Par conséquent, nos chercheurs ont également testé l’eau pour le radon et ont trouvé qu’il n’y avait pas assez de radon dans l’eau des puits pour contribuer de manière significative au radon élevé observé dans l’air intérieur. Au lieu de cela, le problème semble provenir de l’espace de forage existant autour des tuyaux de puits d’eau.

Implications et recommandations

Les implications de ces conclusions sont vastes, mettant en évidence une disparité communautaire dans l’exposition résidentielle au radon au Canada. Nos recherches soulignent le besoin urgent de services de sensibilisation et de réduction ciblés du radon dans les zones rurales. Les tests de radon deviennent impératifs pour les communautés rurales, étant donné les risques sanitaires accrus associés à une exposition prolongée.
 
Il est essentiel de noter que bien que les niveaux de radon puissent être élevés dans les puits d’eau, la principale préoccupation ne réside pas dans l’eau, mais dans l’impact des puits forés sur le sol environnant. Cette conséquence involontaire nécessite un changement de focus, passant des tests d’eau aux tests de sol pour évaluer précisément les risques d’exposition au radon.
 
De plus, les habitants de nombreuses communautés rurales canadiennes connaissent déjà des risques accrus de cancer du poumon, y compris ceux ayant un accès réduit aux soins de santé, une exposition à l’arsenic dans les eaux souterraines et une probabilité accrue de fumer du tabac. L’intégration des tests et des mesures d’atténuation du radon devient vitale dans les stratégies de santé globales pour ces communautés.

La connexion dévoilée entre le radon et les zones rurales au Canada souligne l’importance de comprendre les facteurs nuancés contribuant à l’exposition résidentielle au radon. Nos recherches non seulement soulignent la nécessité d’interventions ciblées dans les communautés rurales, mais servent également de rappel des défis de santé plus larges auxquels les résidents sont confrontés dans ces zones. À mesure que nous avançons, prioriser la sensibilisation et les efforts de mitigation du radon peut jouer un rôle crucial pour assurer le bien-être des individus vivant dans des communautés diversifiées à travers le pays.