Résumé des points clés :
- L’exposition au radon est la deuxième cause de cancer du poumon après le tabac, mais la sensibilisation du public face à ce danger pour la santé est alarmante.
- Mieux sensibiliser la population et réduire l’exposition permettrait de diminuer considérablement le risque personnel de cancer du poumon lié au radon.
- Les professionnels de la santé publique et du milieu médical insistent sur l’importance du dépistage précoce et d’une éducation complète sur les causes du cancer du poumon.
Le cancer du poumon est l’un des cancers les plus fréquents et les plus mortels au monde, causant des milliers de décès chaque année au Canada. Si le tabagisme est largement reconnu comme la cause principale, l’exposition au radon — un gaz radioactif incolore, inodore et sans goût — arrive au deuxième rang. Pourtant, la sensibilisation aux dangers du radon reste très faible.
Comprendre toutes les causes du cancer du poumon
« Des personnes qui ne fument pas [de tabac] peuvent développer un cancer du poumon », affirme la Dre Alison Wallace, chirurgienne thoracique et professeure adjointe au département de chirurgie de l’Université Dalhousie. « Et on en voit de plus en plus chaque jour. » Son expérience en tant que chirurgienne lui offre un regard unique sur la diversité des causes et des profils des patients atteints de cancer du poumon.
Elle souligne que tout le monde peut être à risque et que les facteurs environnementaux, comme l’exposition au radon, jouent un rôle important. Pour elle, la prévention et le dépistage précoce sont des éléments essentiels dans la lutte contre cette maladie.
« Le cancer du poumon est une maladie terrible, mais si on le détecte tôt, on peut le traiter et le guérir. La prévention et la détection précoce sont les seules façons de gagner ce combat », explique la Dre Wallace.
En tant que professeure, elle insiste sur l’importance de former la relève médicale à reconnaître l’ensemble des causes possibles du cancer du poumon.
« Lorsqu’on enseigne aux étudiants en médecine, il faut absolument leur parler des causes autres que le tabagisme », dit-elle. « L’éducation est nettement insuffisante à ce sujet, c’est certain. »
La Dre Wallace soutient que les programmes de formation en médecine au Canada doivent évoluer pour inclure une gamme plus large de facteurs de risque, comme le radon, afin de mieux préparer les professionnels de la santé à faire face à une réalité où ces cancers deviendront de plus en plus courants.Ces constats mettent en lumière l’importance d’une approche globale en matière d’éducation et de prévention du cancer du poumon, afin que le public et les professionnels de la santé comprennent bien la diversité des causes de cette maladie.
Le radon : un angle mort en santé publique
Bien que l’exposition au radon radioactif soit la deuxième cause de cancer du poumon après le tabagisme, le Dr Justin Simms, interniste à Regina, en Saskatchewan, estime que la majorité des gens sous-estiment gravement les effets du radon sur nos poumons.
« C’est un tueur silencieux. On devrait accorder beaucoup plus d’importance au dépistage du radon dans les maisons, et des politiques devraient être mises en place pour aider à l’atténuer. »

Le radon s’infiltre dans les maisons par les fissures et les ouvertures des fondations, et s’y accumule à des niveaux dangereux et cancérigènes. Chaque maison au Canada contient une certaine quantité de radon, et une exposition prolongée à des concentrations élevées augmente considérablement le risque de développer un cancer du poumon.
« La compréhension actuelle du radon et des autres causes de cancer du poumon non liées au tabac est pratiquement inexistante », souligne le Dr Justin Simms, interniste à Regina, en Saskatchewan. « Ce manque de connaissances expose de nombreuses personnes aux effets nocifs du radon, sans qu’elles s’en rendent compte. »
Malgré son statut de cancérogène de classe 1, le dépistage et la mitigation du radon demeurent insuffisamment répandus pour contrer efficacement les risques à long terme. Le Dr Simms souligne que le radon passe souvent sous le radar du grand public, en particulier chez les acheteurs de maisons, préoccupés par d’autres aspects lors d’une transaction immobilière.
« Le radon devient généralement un problème une fois la maison achetée. La majorité des gens dépensent beaucoup d’argent et se concentrent sur d’autres priorités. Peu de personnes pensent à vérifier le sous-sol pour le radon. »
Le Dr Simms croit que des politiques publiques pourraient changer cette mentalité. Par exemple, recommander des tests de radon avant la mise en vente d’une propriété ou rendre obligatoire la mitigation dans les zones à haut risque contribuerait à mettre le radon au cœur des discussions sur la santé publique et l’immobilier. Il compare la situation du radon à celle de l’amiante, pour laquelle des politiques rigoureuses ont été mises en place en raison de son lien avec le cancer du poumon.
« Si on construisait encore des maisons avec de l’amiante, ce serait la panique. Mais ça, c’est parce qu’on a su sensibiliser et que les gens tombaient malades. Avec le radon, c’est invisible, il faut tester pour le détecter. Ça devrait être obligatoire de tester, surtout dans les maisons avec de jeunes enfants. »
Cette comparaison entre l’amiante et le radon souligne le besoin urgent de renforcer les efforts de sensibilisation et de réglementation, afin de traiter le radon avec la même rigueur que d’autres dangers environnementaux connus. Plus la population sera consciente du rôle du radon comme cause majeure de cancer du poumon chez les non-fumeurs, plus cela encouragera la prévention et l’action.
Mettre en lumière un danger négligé : le radon
Le Dr Kong Khoo, oncologue médical au BC Cancer Center de Kelowna, insiste sur le fait que le radon est l’un des risques pour la santé publique les plus importants et les plus méconnus.
« Protégez-vous et protégez votre famille en testant votre maison pour le radon », recommande-t-il.
Lorsque le Dr Khoo a emménagé en Colombie-Britannique, il ignorait que l’intérieur de la province figure parmi les régions les plus touchées au monde par le radon. Ce n’est qu’à la suite d’une gastroscopie de routine qu’il a découvert qu’il avait développé un cancer du poumon, sans jamais avoir fumé.
« Kong, quel imbécile », plaisante-t-il. « J’avais entendu parler du radon, mais je n’ai pas pris le problème au sérieux. »
En octobre 2021, il a subi une lobectomie du poumon gauche.
« Je sais que si on ne l’avait pas détecté par hasard, la maladie aurait progressé bien plus loin, avec un pronostic beaucoup plus sombre. C’est malheureusement ce qui arrive à beaucoup trop de gens. »
Depuis son diagnostic, le Dr Khoo est devenu un ardent défenseur de la sensibilisation au radon. Il rappelle que des solutions efficaces existent : des systèmes de mitigation permettent de réduire durablement les concentrations de radon dans les habitations.
« Il faut mieux sensibiliser à tous les niveaux, y compris chez les professionnels de la santé. Nous devons informer nos patients des risques liés au radon. »
Conclusion
Le cancer du poumon demeure une menace majeure pour la santé mondiale, et l’exposition au radon est une cause importante mais souvent sous-estimée. Pourtant, les moyens de lutte sont simples et abordables : il existe des trousses de dépistage pour vérifier les niveaux de radon dans les habitations, et des solutions de mitigation peuvent être installées pour réduire durablement les concentrations élevées. Pour contrer cette menace, il est essentiel d’adopter une approche multidimensionnelle : éducation, changements de politiques publiques, mobilisation communautaire. En augmentant la sensibilisation et en favorisant la prévention, il est possible de réduire de manière significative les cas de cancer du poumon liés au radon.